L'arme qui gâche la forêt
Lorsque j'ai créé cette accumulation, le monde s'inquiétait des incendies provoqués pour augmenter les surfaces cultivables, dans la forêt amazonienne. Totem d'un productivisme incontrôlable et incontrôlé, cet assemblage, par ses deux couleurs, représente le danger et l'anarchie. La colonne de feu serrée, rouge et dense monte vers le noir qui s'éclate en forme de champignon, image des fumées qui se dissipent. Ce montage est présenté sur un socle couvert de déchets de matériaux récupérés dans la nature.
Cette composition est surnommée « l'arme qui gâche la forêt »
Ces amoncellements sont des métaphores, qui figurent l'infiniment petit, grâce leur similitude avec la représentation conventionnelle des chaînes d'atomes qui forme les molécules. Ces matériaux et substances synthétiques invisibles que notre humanité créatrice de biens manipule. Cette concentration évoque le feu, mais aussi la partie imperceptible de nos excédents répandus dans la nature qui se mélange à l'environnement. Produits qui nous semblent indispensable pour atteindre le bonheur, mais dont accumulation excessive submerge la nature. Nous ne maîtrisons pas les conséquences des microparticules sur notre santé.
Les modules qui composent ces empilements sont nommés, Elisbis, a cause de leur forme apparente d'hélice. Ce sont deux formes inédites qui s'assemblent grâce leur chiralité sur 18 points de contacts. Les Elisbis sont nées de la conjonction d'idées, d'envies et d'influences. C'est en observant les relevés de mosaïques de l'art islamique faits par Echer à l'Alhambra, que j'ai eu l'idée de faire des assemblages modulaires dans les trois sens de l'espace.Le travail de Vasarely, les accumulations d'Arman, ont été aussi des influences motivantes pour cette création.
C'est une conception artistique invasive de l'espace, à l'image de notre société qui s'étend sur la nature et ronge la planète.